Le Mans Gallo-Romain

L'histoire du Mans dans l'Antiquité

Les sites archéologiques (page 1/2)

Introduction

Plan des sites archéologiques en centre ville

L'état actuel de la recherche archéologique n'est pas assez avancé et ne permet que la délimitation des différentes zones urbaines sans pouvoir en définir la densité ou le dessin, encore moins l'évolution.

Sur la rive droite, le débouché des ponts ou des gués franchissant la Sarthe formait les départs des voies se dirigeant vers la Normandie, Jublains et la Bretagne vers Rennes. A cet endroit s'étendaient deux quartiers.

La rive gauche (le plateau du centre ville actuel, la butte du vieux Mans, le vallon d'Isaac) était également occupée.

Le site de la cité judiciaire

Situé sur le rebord du plateau d'Isaac à l'avant de la Percée Centrale, l'espace de la Cité Judiciaire a permis l'étude de l'occupation urbaine sur environ 2000 m².

Quatre phases chronologiques se succèdent pour la période romaine. Les trois premières associent une voirie et des habitats qui évoluent jusqu'à l'abandon du quartier urbain. La quatrième phase marquée par une fonction cimetériale prouve le repli de la ville au Bas-Empire.
Durant la première moitié du premier siècle, une voie orientée nord-sud remonte de la vallée d'Isaac pour atteindre le plateau. Plusieurs habitats disposés en ligne sont édifiés à proximité de cette voie. Ces constructions comportent une architecture de bois et de torchis. Les poteaux plantés dans le sol formaient l'ossature des murs.

La nécropole

Probablement dès la fin du troisième siècle, l'ensemble du site est occupé par une petite nécropole qui fournit 17 sépultures.

La hauteur du Vieux Mans

Cette partie de la ville antique reste la moins bien connue du fait de la difficulté à l'accès des terrains, à la densité de l'occupation bâtie de l'espace urbain et de la destruction d'une grande partie du sous-sol archéologique par le creusement des caves et des différents souterrains.

Un certain nombre d'observations effectuées en différents points de la vieille ville confirme la permanence de l'occupation humaine durant le Haut-Empire.

La disposition des immeubles reste inconnue au sein d'un quadrillage non prouvé. Le bâti n'apparaît qu'à l'état de lambeaux disséminés sur un site dont la topographie actuelle ne ressemble plus à celle du moment, du fait de la construction de l'enceinte au Bas-Empire.

Un grand bâtiment sur lequel vient s'appuyer le mur de l'enceinte existe partiellement sous la mairie. Des vestiges de murs et d'un hypocauste ont également été retrouvés.

La place du marché couvert

Les 1 500 m² fouillés sous cette place ont permis l'étude partielle d'un quartier urbain situé dans l'élargissement de la vallée d'Isaac, à proximité de la Sarthe, à peu de distance du présumé port antique.

L'occupation de ce quartier s'étale depuis le début de notre ère jusque dans le courant du troisième siècle. Deux bâtiments de bois et torchis à poteaux plantés et au sol de briques crues sont les témoins de la première moitié du premier siècle.

Un grand canal servant probablement de collecteur sur cette pente assurait l'assainissement du quartier.
Au nord de ce collecteur, des sols cailloutis et deux hypocaustes superposés attestent de la présence d'un bâti de qualité à caractère public ou privé.

Au sud du collecteur, deux voies perpendiculaires organisent un quartier en lots dont l'organisation interne montre une grande domus et des installations plus diverses et moins ordonnées comme des boutiques, des ateliers artisanaux et des fours.

L'axe du vallon d'Isaac

Ce vallon montre les traces d'occupation romaine depuis le fond des quinconces des jacobins jusqu'à l'élargissement terminal. A diverses époques on a trouvé des céramiques et monnaies romaines dans l'enclos des Jacobins. C'est sur le rebord oriental du vallon que s'élevait l'amphithéâtre dont les vestiges mis à jour en 1792 auraient montré un monuments de forme circulaire de 112,66 mètres de diamètre. Mais, un texte du IV° nomme ce monument Arenae, les Arènes.

Les aqueducs

L'importance de l'occupation de la vieille ville s'affirme par la présence d'un aqueduc desservant le site, retrouvé en deux points sur la crête du promontoire. Cette présence, destinée soit à la simple nécessité du quartier ou du fait de sa position haute peut correspondre à une fonction de répartition (château d'eau). La pente du vallon d'Isaac, dont les thermes, en auraient tiré leur alimentation.

Le tracé des deux aqueducs

Deux aqueducs alimentaient la ville, traduisant ainsi les préoccupations et les besoins publics ou privés symbolisant le nouveau mode de vie introduit par la civilisation gallo-romaine.

L'aqueduc des Fontenelles avait un tracé long de 3,5 km et celui d'Isaac un parcours de 1,5 km. Ils couraient sur chacun des versants du promontoire selon des courbes de niveau différentes (70-72 mètres et 75-77 mètres). L'aqueduc des Fontenelles aboutissait sur la crête du vieux Mans et monte alors un radier dont les dimensions internes sont de 35 cm de large sur 32 cm de hauteur. Ses dimensions dans sa partie rurale sont plus importantes, laissant penser que des prises d'eau ont dû se faire dans un parcours urbain.

L'aqueduc d'Isaac serpente sur la partie haute du vallon et se perd dans sa maçonnerie romaine sur la terrasse de Tessé.

Cette alimentation en eau assurait en priorité les fontaines publiques et les monuments publics et enfin les maisons de quelques particuliers autorisés à se brancher sur les aqueducs. Mais la complexité de ces ouvrages ne saurait faire oublier des moyens plus simples pour se procurer de l'eau : les sources naturelles en bordure de la Sarthe et du ruisseau d'Isaac.

Les thermes

Construits dans leur premier état au milieu du premier siècle, ces thermes vont connaître plusieurs campagnes de construction. La restructuration totale du quartier voit leur implantation s'effectuer sur la pente sud-est du vallon d'Isaac. Une succession de murs de soutènement disposés parallèlement à l'axe du vallon permit l'établissement de grandes terrasses supportant les suites des salles des thermes. On retrouve sous les terrasses les plus proches du vallon les niveaux d'occupation du début de notre ère.

Vue des thermes

Fouillé en deux temps, du fait des possibilités d'accès au terrain, ce monument montre dans son état terminal de fonctionnement trois alignements parallèles qui, avec les salles annexes, lui donnent une largeur de plus de 36 mètres, sur une longueur inconnue du fait des limites du bâti moderne. C'est tout un groupe de salles juxtaposées recouvrant parfois un ou deux niveaux plus anciens qui ont été mis à jour.

Dans le premier alignement à partir de la rue des Fossés-Saint-Pierre, nous avons :
- une salle A, dont les niveaux supérieurs appartiennent à un état terminal froid réaménagé sur le même cadre d'une première salle chaude ;
- une piscine froide B ;
- une cour C riche en matériel archéologique datant de la destruction du site.

Ces thermes furent totalement détruits à la fin du troisième siècle, suite au choix du tracé de l'enceinte, située un peu plus haut sur la pente. Ils devinrent une carrière de pierres dont les remblais ont scellé un mobilier se rapportant à la fin de la grande crise du III° Siècle.

Plan des thermes romains

Dans un deuxième alignement apparaît une grande salle de forme octogonale sur hypocauste au sol recouvert d'un pavement de mosaïque. Cette salle recouvre la plus grande partie de deux salles appartenant à un état antérieur. L'une d'elle correspondait à un bassin froid.

Dans un troisième alignement se présentent une grande salle quadrangulaire sur hypocauste formant probablement la plus grande salle du monument. Elle est bordée par deux petites salles annexes F et G.
Un grand mur terrasse termine le monument en surplomb de la vallée du ruisseau d'Isaac.

L'alignement des salles A et B correspond au frigidarium. Les salles F, G et la salle octogonale sont probablement des tepidarium (les praefurnium ou chaufferies extérieures n'ayant pas été retrouvées).
Vues des thermes du Mans La décoration de ce monument nous apparaît à l'état de vestiges. Ce sont les fragments de deux mosaïques, d'enduits peints, de stucs et de corniches. La mosaïque recouvrant le sol de la grande salle octogonale est formées de tesselles de type « Pavimentum » tesselarum, petits cubes de pierre plus ou moins réguliers de 2 cm² de surface. Elle se compose de motifs géométriques. La seconde mosaïque montre un triton.

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